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15/04/2008

Un leader, où ça ? ("Celui qui nous guidera le long de la route que nous avons oublié de suivre depuis si longtemps")

Ce n'est pas ici, on le sait, que l'on trouvera une opposition tranchée entre le monde de l'entreprise et celui de la politique. Certes, ce que l'on gagne ici avec peine, on le dépense souvent là sans compter. Mais après ? Qui croit encore que l'on peut, non certes intéresser, mais mobiliser avec des agrégats financiers ou diriger à base de création de valeur ?

Ce n'est pas non plus ici que l'on fera l'économie d'une pensée du leadership, comme si les organisations ou les processus pouvaient suffire. L'époque récente, de ce point de vue, n'a guère été faste chez nous, mais elle nous a tout de même donné quelques exemples fracassants. Il y a eu Carlos Ghosn, en train de préparer sa confirmation alors que l'appel de la foi l'a cédé au sens, plus ardu, de l'observation. Et puis il y a, bien sûr, l'émergence du sarkozysme, ses débuts tonitruants et sa mutation difficile.

Et si l'Amérique nous donnait de nouveau à penser là-dessus, sur ce qu'un lecteur de la presse américaine résumait de cette formule fleurie : "celui qui nous guidera sur la route que nous avons oublié de suivre depuis si longtemps" ? Et qui croit sérieusement que l'entreprise, elle aussi, après les excès financiers et l'impéritie environnementale du dernier quart de siècle, pourrait en faire l'économie ? Rendez-vous sur New word, new deal (rubrique "de la démocratie vue d'Amérique") ou sur Nonfiction (rubrique "actualité des idées") pour y réfléchir ensemble.

07/11/2007

De la croissance... Promotion (suite) : des leviers pour progresser

6.3 - Réouvrir la question du statut des cadres

Pour tous ceux qui n'ont pas atteint le fameux statut bac + 4 ou 5 et qui ont du talent, cette barrière est un barrage. Gérer les fuites au compte-gouttes, c'est bon pour la gestion des barrages, ça ne l'est guère pour les gens, en particulier pour les plus méritants d'entre eux. Ceux qui le veulent vraiment, qui sont portés par quelque chose, finissent par trouver une voie en dépit des obstacles, ou en vertu même de ces obstacles (ce qui ne tue pas, comme on sait...). Mais ceux qui ont besoin d'être encouragés ?

Dans certaines entreprises, notamment dans les secteurs industriels techniques, la question était, il y a encore quelques années, gérée à travers la notion de "cadre technique". Cette possibilité permettait d'ouvrir un espace, de donner une perspective de progrès au milieu de leur carrière à ceux qui avaient fait leurs preuves. Un état de la situation serait utile pour mesurer la réalité de ces passerelles aujourd'hui, et les ouvrir plus largement.

6.4 - Mieux valoriser les expériences

Il faut donc ouvrir davantage, et davantage relativiser les diplômes - comme en Amérique, absolument - pour mieux reconnaître les expériences. D'ailleurs, cette notion de statut, on le sait, est si française qu'il faut passer un peu de temps à s'en expliquer aussi bien avec les Américains qu'avec les Scandinaves (on ne pourra pas dire ainsi que c'est encore une vieille lune inspirée de je-ne-sais-quel libéralisme - "sauvage", naturellement) ; et, autant le dire tout de suite, il vaut mieux renoncer d'emblée à les convaincre du bien-fondé de cette histoire de castes ex diploma.

Le type talentueux sorti d'un obscur institut de gestion ou d'une formation technique de base, il n'a peut-être pas la capacité conceptuelle d'un polytechnicien, mais il peut, souvent mieux que lui quand les enjeux sont plus concrets et localisés, emmener une équipe sur le terrain ou développer une affaire.

Cela ne va pas non plus sans une plus grande attention aux résultats, à l'art de la mise en oeuvre. C'est Carlos Ghosn, dans le charisme disons épuré qui le caractérise, qui rappelait qu'une meilleure performance ne passe pas nécessairement pas de nouvelles idées, mais qu'elle peut simplement résulter d'une plus grande attention portée à l'exécution. Et c'est précisément ce que le système français de sélection des élites, qui ne voit de la noblesse que dans la conception, n'encourage guère. Là aussi, il y a des terrains à reconquérir, avec plus de pragmatisme. Une reconquête qui présenterait également l'avantage de réintroduire plus de proximité sur les lieux de travail, notamment dans les unités de production, entre l'encadrement et les équipes et, partant, d'améliorer la cohésion et de réduire la conflictualité. La persistance d'un syndicalisme d'opposition systématique, c'est aussi le produit d'un management absent ou médiocre.

6.5 - Porter un discours de promotion fort

Il y a eu Mitterrand sur l'Europe, Chirac sur l'environnement - et si Sarkozy était l'homme de la promotion ? Il le porte un peu en lui (voyez ce discours, capté à son insu dans une salle électorale, qu'il avait improvisé sur sa relation ambivalente aux élites - il en est à la fois un leader et un produit atypique) et il peut aussi, là-dessus, porter le verbe haut et l'exemple fort. Cela tombe bien : il nous faut donner un sérieux coup de jeune à notre vieux discours sur l'égalité républicaine, qui ne tient plus guère que dans les manuels d'histoire et les loges maçonniques.

La promotion de la diversité en est un bon exemple. Il y en a d'autres ailleurs - voyez encore Descoing à Sciences-Po, qui réussit à la fois sur le terrain de l'excellence internationale et sur celui de l'espérance dans les quartiers. Je crois à cette communication publique quand elle est portée par une volonté et par un exemple, c'est-à-dire par une relation éprouvée à l'action. De belles et fortes campagnes peuvent d'ailleurs être aussi imaginées sur ce sujet.


Encore une fois, il y a des espaces à ouvrir. C'est possible ? Alors faisons-le, disait en substance l'Institut Montaigne dans sa campagne de communication pré-présidentielle.

D'autres idées ?

On en reparle quand vous voulez. Il me semble qu'il y a là un vrai sujet de passion démocratique et d'engagement personnel. Je rappelle que vous pouvez participer à ces débats à travers ce blog, mais aussi à travers les nombreux forums mis en place sur la plateforme créée par la Commission pour la circonstance.